Narcissique ?

NarcissiqueAvec son nouvel ouvrage, « Sauvez votre peau ! Devenez narcissique »Fabrice Midal tord le cou à une idée reçue et ose dire : « Soyez narcissique, ça fait du bien ! »

Lors de mes séances en gestalt-thérapie, je m’entends souvent dire aux personnes que j’accompagne qu’être égoïste n’est pas nécessairement un vilain défaut, une tare dont il faudrait se défaire pour gagner enfin sa place au paradis… La bienséance et notre culture judéo-chrétienne nous susurrent doucement à l’oreille qu’il est de bon ton de se sacrifier pour les autres, et qu’importe qu’on y laisse toutes ses plumes !

Être égoïste, c’est aussi et souvent une étape nécessaire pour retrouver l’équilibre et faire grandir l’estime de soi, c’est décider de se faire une place, décider de se donner à soi-même de l’importance, l’importance juste, celle que l’on donne de préférence et de façon plus naturelle aux autres.

Être narcissique, selon Fabrice Midal, c’est respecter la personne que je suis, sa singularité. Si je prends conscience de la manière dont je me traite, dont je me maltraite souvent, je ne pourrai plus accepter d’être maltraité par les autres, je vais y voir clair sur les situations qui me malmènent et savoir dire non quand ça ne me convient pas. Ce changement de perspective amène à vivre des relations plus saines, et donc plus apaisées. Je peux être ouvert aux autres sans les instrumentaliser et sans me contorsionner pour être quelqu’un que je ne suis pas, puisque je m’autorise à exprimer simplement ce que je suis.

Il ne s’agit pas de devenir le centre du monde et de regarder son beau nombril avec vanité et complaisance… Non, juste faire preuve de patience, se reconnaître, respecter ses besoins et limites, parfois se rencontrer pour la première fois, dans sa vérité pleine et entière. J’encourage mes patients à développer ce regard de compréhension bienveillante vis-à-vis d’eux-mêmes, car cet égoïsme-là est un égoïsme sain.

Si je me respecte et prends en compte mes limites, je vais devenir de plus en plus conscient de mes agissements et de ce qui les motive, je vais devenir de plus en plus responsable aussi de ce que j’offre au monde et aux autres.

En apprenant à m’écouter, j’apprends à écouter vraiment l’autre. Une écoute moins intéressée, pourrait-on dire :  pas à partir de mes manques et de mon besoin de reconnaissance ou de mes blessures et de mon besoin de réparation, ou encore du vide que je ressens et que j’aimerais que tu combles !

Si je te donne, à toi, pour éprouver le sentiment de ma propre existence, je t’investis d’une mission bien périlleuse : celle de définir mes contours et de me faire exister. Ce faisant, je t’investis du pouvoir de me donner vie… Cette lourde charge va générer tôt ou tard des violences au sein de la relation et mettre l’autre en situation de toute-puissance, engageant ainsi sa responsabilité de façon inadaptée.

Les Danaïdes
« Les Danaïdes », John William Waterhouse – 1903

Cette recherche de soi tournée vers l’extérieur ne trouve jamais de repos : la reconnaissance que l’on reçoit, issue de cette dynamique trouble – pour peu qu’elle arrive – tombera dans le vide, le vide que l’on a de soi-même.

Si je ne m’aime pas, si je passe mon temps à me dénigrer, à me juger, à me condamner, comment pourrais-je savoir ce qui est bon pour moi, où et quand s’arrêtent mes frontières ? Où et quand j’ai le droit de dire non ? Ce dénigrement permanent de soi fait le nid des maltraitances et manipulations.

La référence aux Danaïdes, figure de la mythologie grecque, condamnées à remplir sans fin un tonneau troué, prend ici tout son sens… Pour me sentir vivant, légitime et aimable, il me faudra acquérir toujours plus : de biens matériels, de compliments, de preuves d’amour, il me faudra me placer toujours plus haut sur l’échelle sociale, obtenir plus de pouvoir, de connaissance… une quête sans fin qui ne sera jamais rassasiée, tant que je ne me serai pas rencontré avec bienveillance, et c’est là tout le message de Fabrice Midal.

A écouter, sur France Inter : « Grand bien vous fasse »,  Et si le narcissisme avait aussi de bons côtés ?

Nos zones sensibles

Nous avons tous à prendre soin de nos zones sensibles, à les reconnaître, puis les apprivoiser pour leur montrer le chemin de connexion à soi, ce beau chemin de confiance.

Pour accompagner les pas de notre croissance, prendre soin revient à être présent à soi-même, jardiner sa présence, la cultiver avec grand soin pour se rencontrer vraiment et rencontrer l’autre de la même manière, au-delà des conditionnements, des croyances et des peurs.

« NOUS AVONS TOUS DES ZONES SENSIBLES

C’est facile de dire « je t’aime ». C’est facile de parler d’amour, de présence, de conscience, et d’une profonde acceptation de ce qui est. C’est facile d’enseigner, de dire des choses qui sonnent vrai, bien, et spirituel. Mais ce ne sont que des mots.

Il y a un monde avant les mots.

Quand la colère monte, peux-tu rester près d’elle, et ne pas l’endormir ou la déchaîner ?Quand la peur envahit le corps, peux-tu respirer en elle, et ne pas fusionner avec elle ou prendre la fuite dans des histoires ? Quand tu te sens blessé(e), rejeté(e), pas aimé(e), abandonné(e), peux-tu faire de la place pour ce sentiment, lui souhaiter la bienvenue dans le corps, t’incliner devant son intensité, son feu, sa présence, et ne pas attaquer, ou passer à l’acte ou lancer des injures ?

Peux-tu t’engager à ne pas t’abandonner toi-même au moment où tu as le plus besoin de ton propre amour ?

C’est facile de parler d’amour. C’est facile d’enseigner.
Jusqu’à ce que les anciennes blessures s’ouvrent. Jusqu’à ce que la vie ne fasse plus ce que nous voulons.
Ce qui te stimule est pour toi une invitation à t’aimer toi-même plus profondément. Peux-tu le voir ? Il n’y a pas à avoir honte de cela.
Nous avons tous des zones sensibles. »

Texte issu de la page Facebook « La Divine Pagaille, feat. Jeff Foster »

L’estime de soi

Extrait de l’ouvrage de Marcelle Thibaudeau, « La première entrevue en psychothérapie » :

La 1re entrevue

« Le degré d’estime de soi est un quelque sorte le corolaire de la qualité du lien établi entre l’enfant et ses parents.

C’est en fait à partir de la qualité de ce lien que chacun se construit une image mentale de ce qu’il est et une autre image de ce qu’il devrait être, ou encore de ce qu’il croit qu’il devrait être. Cette dernière image, on la nomme image idéale du moi.

Le degré de concordance entre l’image de soi et l’image idéale mesure le degré de l’estime de soi. Moins l’écart est grand entre ces deux images, plus l’estime de soi est élevée, et inversement, quand l’écart est grand entre les deux, l’estime de soi est basse.

L’image de soi s’appuie-t-elle sur des réalisations qui rassurent sur la capacité de satisfaire ses besoins fondamentaux et de faire face aux problèmes courants de la vie, elle a des chances d’être objective et relativement stable. Et si, parallèlement, l’image idéale repose sur une raisonnable appréciation de ses aptitudes, de ses talents, légitimant la poursuite de buts conformes a ses intérêts et à ses goûts, on peut alors parler d’équilibre entre l’image de soi et l’image idéale. Et il en résulte un haut degré d’estime de soi.

Mais si l’image de soi est basée en grande partie sur l’opinion d’autres personnes ou sur celle qu’on leur attribue, alors elle peut être sensiblement déformée et même fantasmatique. Par conséquent, l’image idéale de soi est alors le reflet des attentes de ces personnes au sujet de soi ou de celles qu’on leur suppose. Et dans la mesure où la sécurité affective dépend de ces personnes, les conduites sont plus ou moins faussées. On n’agit alors pas toujours selon ses tendances et dans ses propres intérêts. On peut même en arriver à renoncer à ses aspirations ou à poursuivre des buts n’ayant rien à voir avec elles et qu’au fond on ne désire pas vraiment atteindre. Les déboires qui parfois s’ensuivent le prouvent bien.

Lorsque le désir de plaire ou de ne pas déplaire, non seulement aux personnes significatives de sa vie, mais aussi à leurs substituts, supplante le désir de se plaire à soi d’abord, on en acquiert une réputation de gentillesse mais on ne commande pas le respect et on s’expose à différentes formes d’exploitation dont, en dernière analyse, on est responsable, sans en être conscient.

En outre, on dépend pour le maintien de l’estime de soi de témoignages rassurants provenant de sources extérieures. La régularité et la suffisance de ces apports extérieurs n’étant jamais garanties, l’estime de soi est fragile et précaire. D’inévitables frustrations produisent de vagues sensations de fatigue, d’irritation, des symptômes psychosomatiques combinés avec des états dépressifs sporadiques. Si les apports rassurants viennent à manquer totalement, l’estime de soi chute au point zéro et entraîne une dépression souvent accompagnée de pensées suicidaires. »

Accueillir une émotion

Une émotion qui apparaît, c’est comme une amie qui vient frapper à la porte pour vous livrer un message important…
Prenez-vous le temps de lui ouvrir et d’écouter ce qu’elle a à vous dire, avec amitié et bienveillance ?
Voici l’extrait d’un joli petit guide qui peut vous y aider.
Sources : Kaizen Magazine  et la talentueuse illustratrice Art-Mella

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Foutez-vous la paix !

1540-1« La vraie sagesse ne consiste pas à enfouir ses émotions, ni non plus à les exposer. Elle implique d’entrer en rapport avec elle, de les écouter, de reconnaître ce qu’elles disent pour déterminer le vrai du faux. (…)
Je ne connais pas de meilleur moyen pour se libérer d’un symptôme que de le prendre à pleines mains. D’aller au bout de sa phobie, de son anxiété, de leur faire face, même et surtout si elles nous font peur. Je suis en colère ? J’oublie l’injonction du lâcher-prise qui est en elle-même le contraire du lâcher-prise. Je ne lâche pas prise, je me fous la paix !
Je ne fais rien, je laisse être ce qui se passe sans le réprimer. Je ne juge pas ma colère, je ne la commente pas, je ne l’autorise pas, je ne l’interdis pas non plus : je prends le risque d’en faire l’épreuve.
Je la goûte même si elle me blesse. L’apaisement vient alors souvent, mais il n’est pas le calme que l’on veut nous imposer en étouffant artificiellement ce que nous sommes en train de vivre.
Tel est le fondement même de la méditation : elle n’est ni une tisane, ni une pilule magique, mais un travail réel avec la douleur, la confusion, les émotions. Elle nous enseigne à les observer telles qu’elles sont (…). A rencontrer tout ce qui nous empêche de nous foutre réellement la paix, à dire bonjour à ce qui est blessé en nous, à dire bonjour à la vie en soi. »

 

La bienveillance

Extraits de la lettre du mois de novembre de Fabrice Midal*.

16-11b-02

« L’amour d’un être humain pour un autre, c’est peut-être l’épreuve la plus difficile pour chacun de nous, c’est le plus haut témoignage de nous-même ; l’œuvre suprême dont toutes les autres ne sont que les préparations. »
– Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète –

« Un thérapeute ne cherchera pas à être bienveillant avec son patient mais à l’aider pour de bon. Le médecin, l’enseignant, ne cherchent pas à aimer leur patient ou leur élève, mais à accomplir leur tâche. (…) c’est parce que le thérapeute ne cherche pas à être bienveillant qu’il est juste, et donc bienveillant. Le thérapeute sympathique, mais qui n’est pas dans un vrai travail, ne peut évidemment pas vous aider réellement.
Aussi, je crois à l’inverse qu’il faut dire : aucun thérapeute, médecin ou enseignant ne peut faire ce qu’il accompli jour après jour sans aimer ce qu’il fait, sans aimer les personnes avec qui il est en relation… »

Fabrice Midal* est écrivain, philosophe et fondateur de l’Ecole occidentale de médiation)

Dans sa réflexion de novembre, Fabrice Midal questionne la notion de bienveillance et notamment, la difficulté à faire preuve de bienveillance envers soi-même.
Cette lettre a résonné avec force pour moi, en écho aux personnes que j’accompagne, bien sûr, mais aussi en écho au long chemin que j’ai dû emprunter moi-même pour m’aimer mieux et accueillir de la même manière les parts de moi que je jugeais intolérables et celles que je jugeais convenables, bien plus faciles, elles, à mettre en lumière !

Vilains défauts, satanées faiblesses, maudites imperfections, odieux blocages, jours gris et autres fourberies… ces ennemis désignés ne sont en réalité que des repères venant éclairer des blessures encore bien vivantes – même si elles sont anciennes – réactivées par un événement du présent. Des caches-douleurs qui nous évitent habilement de ressentir ce qui fait mal. En réalité, on ne peut faire l’impasse de ressentir ce qui fait souffrir pour le transformer, la rencontre doit se faire, coûte que coûte. Oui, il faut regarder le soleil en face.

Soyons fiers de nos ombres ! Pour accomplir leur mission et si bien protéger ce qu’il y a de plus précieux et de plus fragile en nous, elles méritent vraiment respect et admiration. Et quand un repère s’allume, s’ouvre alors une magnifique occasion de croissance, à qui s’en donne les moyens.

Une chose est sûre, il n’y a jamais d’arrivée définitive sur la route de nos vies, seulement des points d’étape qui permettent de se reposer et de respirer un peu. C’est aussi la richesse et la magie de la vie : ne jamais cesser d’avancer et d’évoluer.

Travailler sur soi est exigeant et difficile, parfois bousculant. Pour s’y engager, il faut du courage, de l’honnêteté et de la persévérance. Le changement ne peut être qu’à ce prix.
Pour qu’ait lieu une véritable transformation, il nous faut user de patience et de bienveillance, ces mêmes qualités que nous aurions envers un tout petit enfant qui apprend à marcher…

Je dis souvent aux cheminants en thérapie qui osent cette aventure audacieuse, que chacun fait toujours du mieux qu’il peut, avec sa conscience du moment. La dureté et l’intransigeance avec lesquelles nous condamnons ce tout petit qui vit en nous et qui ne sait pas encore faire – et ce, peu importe l’âge réel que nous avons – a des effets dévastateurs sur l’image que l’on a de soi. Imaginez-vous face à un enfant faisant ses premiers pas et qui cherche son équilibre… que lui diriez-vous ? qu’il est nul de ne pas y arriver ? que c’est le dernier des idiots et qu’il n’a aucune chance de faire mieux ? Et que feriez-vous ? Iriez-vous jusqu’à le bousculer, le critiquer, crier à son incompétence et le laisser au sol, accablé et honteux ?

Je vous entends déjà dire : « Mais non, jamais, je ne ferai ça ! » Et c’est pourtant ce que vous faites avec vous-même dès que vous vous jugez, que vous vous accablez de n’être décidément pas assez bon, pas assez beau, trop lent, trop gros, tellement nul, pas encore au bon endroit, ni à la bonne hauteur, ni ceci, ni cela, jamais assez bien… des petites doses de venin qui vous empoisonnent tout au long de la journée et vous privent d’exprimer ce que vous êtes, ce que vous avez de singulier.

Etre bienveillant envers soi-même est un apprentissage, comme marcher, nager ou écrire. Un coeur blessé empêche notre bienveillance naturelle de s’épanouir. Nos blessures sont alors aux commandes et s’expriment avec force, contre soi et contre les autres, camouflées en violences, petites ou grandes, amertume, manipulations affectives ou autres formes, exigeant la douceur, l’écoute ou le réconfort dont elles ont tant manqué. Blessures qui, tant qu’elles n’auront pas eu de réponses, existeront malgré nous et viendront filtrer nos façons de penser et d’étiqueter le monde, colorer nos comportements et réactions. Tout n’est que blessure d’amour et nous faisons ensuite alliance avec nos petits arrangements intérieurs…

Chacun de nous abrite en lui un petit qui doute et qui a besoin de nos encouragements.

Nourrissons pour nous-mêmes un regard tendre et bienveillant. Abusons d’indulgence, de rires, de compassion, de légèreté. Soutenons l’enfant dans sa marche hésitante, d’une main ferme et assurée, mais pleine de douceur et d’amour.

Fêtez-vous, vous le méritez ! Félicitez-vous pour chaque pas franchi, chaque victoire sur vous-même. Soyez fier d’être unique, fier du voyage parcouru, de tant d’épreuves déjà traversées. Respirez en conscience, un instant. Quelle chance… vous êtes vivant !

Par ce billet, je tiens à remercier toutes les personnes que j’accompagne. Qu’elles sachent combien je suis touchée par leur courage, honorée et profondément reconnaissante de recevoir chaque jour le cadeau de leur confiance.

Vous pouvez retrouver l’intégralité de la lettre de Fabrice Midal en cliquant sur le lien : Et si vous découvriez le souffle de la bienveillance ?