La joie des liens

Cette semaine, une belle âme que j’ai l’honneur de connaître m’a invitée à partager un thé, une réflexion-thé, devrais-je dire, car nous adorons « philopenscuter » ensemble. Parce que je sais notre authenticité à chacune et notre plaisir à penser les êtres et le monde, la complexité autant que les chemins de sagesse, et parce que je mesure aussi le cadeau des liens vivants, cette parenthèse improvisée a nourri en moi une gratitude immense.
Pour cet instant volé à l’agitation désordonnée du monde. Pour la chance de pouvoir fertiliser mes terres à l’univers sensible de l’autre et grandir de son intelligence. Pour la conscience d’avoir dans ma vie autant de richesses.

« Il n’y a pas de plus grande joie que de connaître quelqu’un qui voit le même monde que nous. C’est apprendre que l’on n’était pas fou », nous murmure Christian Bobin.

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Être différent – Le court-métrage « Flotte »

Un court-métrage d’animation à savourer !

Honorer la différence et cultiver la joie d’être soi…

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Bobby Rubio, réalisateur de ce court-métrage Pixar intitulé « Flotte » (titre original : « Float »), est le papa d’un enfant différent. L’histoire qu’il a écrite est inspirée de sa propre relation avec son fils autiste
Un père découvre, étonné, que son fils sait voler… Il commence par s’émerveiller, puis il prend peur, contraint par les regards extérieurs, incrédules et hostiles.
Il cloue alors son fils au sol et le cache aux yeux du monde pour ne pas avoir à subir le rejet et le jugement.

Il aura le choix : faire de son fils un prisonnier, l’empêchant d’être lui-même, ou grandir avec lui, en l’aidant à prendre son envol…


Et nous, que choisissons-nous ?

L’amour ?
Porte ouverte sur l’étonnement, l’ouverture et l’enrichissement à l’approche de ce que nous ne comprenons pas, à la rencontre d’univers différents du nôtre ?

La peur ?
Porte ouverte sur le repli sur soi, le rétrécissement et la prise de pouvoir inévitable pour faire de cet autre « différent » un connu moins dérangeant ?

Nous avons toujours le choix.

Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis. » A. de St Exupéry

Quand je te rencontre, je me rencontre.
Ce qui fait de toi un être unique m’invite à faire de moi un être unique, parfois en me reliant au même que nous partageons, parfois en me différenciant quand mes réalités s’éloignent des tiennes.

À travers les expériences avec toi, mon autre, je peux percevoir mes limites, mes jugements, mes croyances, mais aussi mes talents, mes facilités, mes qualités.
Tu m’offres à voir mes ombres autant que mes lumières, je t’offre à voir tes ombres autant que tes lumières.
Sans toi, je ne ferais pas l’expérience de moi-même.
Alors, je t’adresse un immense merci, toi, « même-étrange-autre », pour le reflet que tu me tends.
Unknown
Pour visionner « Float », cliquez sur l’image et rendez-vous à la date du 07.12.2019.

Nos zones sensibles

Nous avons tous à prendre soin de nos zones sensibles, à les reconnaître, puis les apprivoiser pour leur montrer le chemin de connexion à soi, ce beau chemin de confiance.

Pour accompagner les pas de notre croissance, prendre soin revient à être présent à soi-même, jardiner sa présence, la cultiver avec grand soin pour se rencontrer vraiment et rencontrer l’autre de la même manière, au-delà des conditionnements, des croyances et des peurs.

« NOUS AVONS TOUS DES ZONES SENSIBLES

C’est facile de dire « je t’aime ». C’est facile de parler d’amour, de présence, de conscience, et d’une profonde acceptation de ce qui est. C’est facile d’enseigner, de dire des choses qui sonnent vrai, bien, et spirituel. Mais ce ne sont que des mots.

Il y a un monde avant les mots.

Quand la colère monte, peux-tu rester près d’elle, et ne pas l’endormir ou la déchaîner ?Quand la peur envahit le corps, peux-tu respirer en elle, et ne pas fusionner avec elle ou prendre la fuite dans des histoires ? Quand tu te sens blessé(e), rejeté(e), pas aimé(e), abandonné(e), peux-tu faire de la place pour ce sentiment, lui souhaiter la bienvenue dans le corps, t’incliner devant son intensité, son feu, sa présence, et ne pas attaquer, ou passer à l’acte ou lancer des injures ?

Peux-tu t’engager à ne pas t’abandonner toi-même au moment où tu as le plus besoin de ton propre amour ?

C’est facile de parler d’amour. C’est facile d’enseigner.
Jusqu’à ce que les anciennes blessures s’ouvrent. Jusqu’à ce que la vie ne fasse plus ce que nous voulons.
Ce qui te stimule est pour toi une invitation à t’aimer toi-même plus profondément. Peux-tu le voir ? Il n’y a pas à avoir honte de cela.
Nous avons tous des zones sensibles. »

Texte issu de la page Facebook « La Divine Pagaille, feat. Jeff Foster »

Anne Dufourmantelle : « Tout ce que je ne vous dirai plus »

Le 2 juillet dernier, je publiais un extrait d’un ouvrage d’Anne Dufourmantelle que je venais alors de découvrir, toute à la joie de cette rencontre intellectuelle et littéraire, toute à la joie d’avoir été touchée par son écriture poétique et son approche si délicate des êtres et de leurs souffrances. Vous pouvez, si vous le souhaitez, retrouver ce partage ici : « En cas d’amour ».

Anne Dufourmantelle, philosophe et psychanalyste, accompagnait les êtres sur ce chemin intime et parfois remuant de la connaissance de soi. 1043208-anne-dufourmantelle

Tout juste trois semaines plus tard, le 21 juillet, elle disparaissait en sauvant des enfants de la noyade, du côté de Ramatuelle… Confrontée à la nouvelle de la perte brutale de sa psychanalyste et au vide vertigineux qu’il faut soudain apprivoiser, une de ses patientes lui a écrit une lettre-hommage bouleversante.

« En cas d’amour, que faut-il faire…? » écrivait Anne Dufourmantelle. Aimer encore, aimer toujours,  et comme le disait la lumineuse Christiane Singer, «ne jamais oublier d’aimer exagérément : c’est la seule bonne mesure.» Cette lettre est un acte d’amour, ce même amour qui donne l’élan de porter secours à des enfants au péril de sa propre vie.

Voici la lettre de Laura Girsault, patiente d’Anne Dufourmantelle :

« Tout ce que je ne vous dirai plus, Anne. J’ai choisi les mots dans ma tête, les images se superposent. Lorsque j’ai grimpé pour la première fois les cinq étages de cet immeuble rue Guisarde, je vous ai tout de suite tout dit. Vous étiez comme cela, Anne, vous inspiriez la confiance, votre douceur et votre regard vert en amande libéraient la parole. J’ai été frappée par votre élégance majestueuse, votre visage racé, votre sourire de mère louve d’une rare bienveillance. Je n’ai jamais connu femme plus douce que vous. Les détails de votre allure, vos longues robes, vos créoles, vos bracelets cliquetants, votre silhouette gracieuse et longiligne. Vous étiez de ces femmes à qui on a envie de ressembler. Après m’avoir écoutée longuement, en silence, vous avez dit d’une voix claire mais basse : «Vous êtes une Ferrari, et vous vous comportez comme une 2 CV.» Je n’ai jamais oublié cette métaphore. J’ai su d’emblée que j’allais vous aimer. Vous aviez cette faculté des mères et des grandes héroïnes d’apaiser et de guider les âmes, vous séchiez mes larmes de femme-enfant incomprise sans bouger de votre fauteuil vert. Je ne voulais pas m’allonger sur le canapé car votre regard était pour moi aussi salvateur que vos mots. Vos mots qui ont tant couvert mes maux. Tout ce que je ne vous dirai plus, Anne, tout ce que je ne vous dirai plus. Votre seule présence imposait l’admiration, le respect, l’écoute. Pourtant, vous étiez si humble, si pudique, si douce malgré votre force étonnante. Votre port de tête, votre démarche souple de félin, vos yeux à mille regards. Votre âme, pure et ancienne, riche et secrète, n’avait que la volonté de guider, de transmettre. Vous étiez d’une générosité, et vous vous êtes oubliée, jusque dans la mort. Chère Anne, tout ce que je ne vous dirai plus.

Il y a dix jours, alors que j’étais plus déprimée que d’habitude, vous m’avez laissé un message vocal, l’unique depuis que je vous connais. D’une voix douce et lointaine, vous m’avez dit : «Laura, vous avez tant de force de vie en vous.» Si vous saviez comme je regrette de ne pas vous avoir rappelée. Ces mots seront les derniers que vous m’aurez adressés. Dimanche dernier, j’ai appris votre noyade, votre mort héroïque en tentant de sauver deux enfants d’une mer déchaînée. Mon père, d’une voix incertaine, me l’a annoncé par téléphone. Je me souviendrai toute ma vie de ses mots : «Laura ? Bon, ce n’est pas quelqu’un de la famille mais… Anne Dufourmantelle. Elle s’est noyée à Saint-Tropez.» Je n’ai pas voulu y croire. J’ai éclaté en sanglots, puis j’ai demandé : «Mais elle est morte ?»

Je n’ai jamais imaginé que vous puissiez mourir. A mes yeux, vous étiez invincible, insubmersible, vous étiez trop belle, trop brillante, trop cultivée, trop bonne pour mourir. Une femme comme vous ne peut pas mourir à 53 ans, mais la mer est injuste et ne connaît pas ses noyés. Sinon, la mer vous aurait épargnée, comme une amie, si elle savait qui vous étiez. Elle vous aurait enveloppé dans son manteau et se serait tout de suite apaisée, vous berçant jusqu’à la rive. Oh, Anne, tout ce que je ne vous dirai plus. Je vous vois dans mes rêves, splendide mère se dressant contre la violence des flots, portant des enfants dans vos bras. Je ne peux pas vous voir suffocante et emprisonnée, même si la nature a été plus forte que vous. Tout ce que je ne vous dirai plus…

Où êtes-vous à présent, chère Anne ? Et nous, vos patients, votre famille, vos amis, où sommes-nous sans vous ? Je me plais à croire qu’un peu de votre âme s’est dispersée en chacun de nous, comme des petits morceaux d’or. Hier, pour la dernière fois, j’ai grimpé les cinq étages de l’immeuble de la rue Guisarde. J’ai glissé une carte sous votre porte, vous ne la lirez pas, c’est peut-être idiot, mais cela m’a fait du bien. J’ai regardé par le trou de la serrure, et j’ai vu votre fauteuil vert. Intact, impassible, il semblait attendre votre retour. Rien n’avait bougé. J’ai appuyé la paume de ma main sur la porte, et j’ai murmuré «merci». Peut-être n’êtes-vous pas encore si loin. Adieu, chère Anne. J’avais encore tant de choses à vous dire. »

Lien vers la publication du journal Libération, le 30 juillet 2017

8e Congrès international du World Council for Psychotherapy

Du 24 au 28 juillet 2017 aura lieu le 8e Congrès international de psychothérapie, à la maison de l’Unesco, à Paris.

« Ce congrès mondial du World Council for Psychotherapy s’inscrit dans le cadre de ce siècle de mondialisation qui interpelle les pratiques psychothérapeutiques, leurs fondements théoriques et où la rencontre des psychothérapies avec les représentations anthropologiques, épistémologiques, éthiques et culturelles est en marche. (…)

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L’enjeu se déclinera autour de plusieurs axes paradigmatiques :

–  La vie doit rester plus forte que la violence destructrice

–  L’amour est toujours le socle de notre humanité et du lien interpersonnel, familial et social.

–  La lutte contre la détresse psychique et des maladies psychiatriques est un devoir humain et éthique

– La rencontre exceptionnelle de très nombreux spécialistes de la psychothérapie venus des cinq continents est une nécessité humaniste pour aborder toutes les formes de psychothérapies, de tous les courants pour échanger, partager leurs expériences, leurs idées.

La psychothérapie est reconnue comme un moyen inéluctable et efficace pour traiter les troubles psychiques, alléger les souffrances des patients, mais elle est aussi un déterminant important pour l’évolution de l’être humain et de sa pensée.

La psychothérapie est source de lien social en libérant chacun de la peur de l’autre et aussi de la peur de lui-même.

Affirmer notre liberté, notre identité, nos valeurs et le professionnalisme du métier est aussi un acte citoyen et politique fort dans le contexte mondial actuel. »

Parmi les intervenants, Boris CYRULNIK, Marie DE HENNEZEL, Thierry JANSSEN… ainsi que d’autres intervenants prestigieux, dont l’intervention vidéo du Dr Irvin YALOM.

Précisions sur le site consacré : 8e Congrès international de psychothérapie.

 

 

En cas d’amour – Les ruptures de vie

Quand soudain, l’autre quitte… que faire « en cas d’amour » ?

« L’homme qui prend place devant elle est comme mort. Le regard n’accroche rien, la peau est blême, les mains seules paraissent conserver un semblant de vie indépendante, elles vont et viennent dans l’air, se nouent et se dénouent, font un ballet de pleureuses tandis que le reste du corps est une pierre. On devrait davantage observer les minéraux, les cailloux, la lave pétrifiée, les fossiles, la roche – ils nous disent ce que nous sommes. C’est dans cette minéralité qu’on se retranche lorsque l’amour vous est retiré.

– Je n’ai plus de raison de vivre, dit-il, depuis qu’elle est partie. (…)

L’abandon est une zone franche où plus aucune règle n’a cours. Un lieu de désertion, un no man’s land, comme dans ces espaces à découvert sur les champs de bataille encore un instant épargnés où les armées se font face sans avancer encore, et que l’on pourrait croire que ce suspens va durer toujours, s’éterniser, s’étendre aux autres territoires, mais non, à un moment ou à un autre, la vie reprend et avec elle, la rage des combats meurtriers. L’abandon nous ramène à l’impuissance fondamentale de nos premières semaines de vie où, entièrement voué à l’autre – notre passion fondamentale au sens du « pâtir » tel que le conçoit Spinoza – nous espérons de lui, d’elle, une caresse, une parole, un geste, un signe au moins qui nous raccroche à la vie, à l’amour, au désir. Sans quoi, nous errons dans ces limbes cauchemardesques où vivre n’équivaut à rien d’autre que survivre, mais pour qui ? où le relais que prend le corps pour tenir bon n’a qu’un temps et ne suffira pas. Personne ne s’aventure dans ces contrées et ne les revisite sans y être obligé.

Que vaut une présence d’analyste contre cette violence de l’abandon ? De quoi peut-elle, à cet instant, vous protéger, vous préserver ? Puisque le mal est fait, que vous êtes retourné de par son départ à elle dans ce lent cauchemar qui semble ne jamais vouloir finir, d’autant plus incompréhensible à vos yeux que vous pensiez ne plus l’aimer… de quoi est fait l’amour alors, de quel ravaudage, de quelle fabrique mal tissée, rapiécée, tient-il sa consistance pour valoir si peu et résister pourtant ?

Ce qu’on met de soi dans l’autre est infiniment plus vaste que ce qu’on croit lui confier. Quelque fois c’est sa propre vie, d’autres fois c’est son âme, sa vocation, sa sauvagerie, sa misère, une dette ancestrale, c’est toujours exorbitant, une valeur passée en douce, clandestine, que l’on s’échange dès le premier regard. Pacte secret qui échappe au destinataire comme à celui qui l’envoie, chacun se chargeant de cacher le fardeau très loin en soi, à l’abri. »

  • Extrait de l’ouvrage intime et sensible d’Anne Dufourmantelle, récit et essai autour de l’amour et de ses ravages : « En cas d’amour –  Psychopathologie de la vie amoureuse ».

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Anne Dufourmantelle est philosophe et psychanalyste.

Qui suis-je ?

Instantané…

après brassage de la pensée
lors des 3e Conversations obliques, « Soi ? L’identité à l’épreuve de la clinique »,
organisées par l’Institut Français de Gestalt-thérapie, les  3 et Je citerai pour commencer le beau vers de Louis Aragon, extrait du poème « J’arrive où je suis étranger » récité en ouverture de ces Conversations obliques, qui pousse la vie hors les cadres et rappelle l’essentiel : « rien n’est précaire comme vivre, rien comme être n’est passager »…

—–
Qui suis-je ? Que suis-je ?
Qui est donc ce moi ?
Qui est ce « Je » qui dit « je » ?
Qu’est-ce qui fait mon identité ?

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René Magritte – « Décalcomanie », 1966

Suis-je ce que dit mon identité officielle, visible ?
Evidences non questionnées. Identité stable, claire, immuable.

Ce nom-là, cet âge-là, le pays où je vis, ma couleur de peau, ma religion, la culture d’où je viens… Est-ce moi ? Est-ce mon identité ?

Suis-je ce qu’on m’a dit que j’étais ?
Ce que m’ont transmis mes parents, mes enseignants, la société au sein de laquelle j’évolue ? Suis-je mon patrimoine génétique ?

Homme ou femme ? Transgenre ? Hétéro, homo, flexi, poly, asexuel…
Bâti qui nous donne un contour aux yeux d’une communauté.
Se définir… Ou pas. Suis-je cela ?

Suis-je un genre ? Suis-je une orientation sexuelle ? Ma sexualité ? Est-ce mon identité ?

Je suis adulte ou bien enfant ? Petit ou grand, selon les jours.
Un adulte grand abritant encore un enfant, resté petit ? Le même en différent.

Je suis d’ici ou bien d’ailleurs. Terrien humain. Suis-je cela ?

Suis-je toujours ce que je dis être ?
Suis-je ce que les autres voient de moi, la manière dont ils me définissent, le rôle auquel ils m’assignent ? Qui a raison ? Eux ou moi ?

Personnage confiné, limité, codifié, classifié, qualifié, genré, défini, bordé ?
Suis-je cela ?

Identité. Identifié. Individu… in… un… parmi un et un et un… Unité des uns.
Communauté humaine.
Identique.
Unique.
Où est le même ?
Où est le mien ?

Tension entre moi et toi, entre moi et vous, entre moi et moi.
Entre ce que je pense de moi et ce que tu imagines de moi.

Se définir. Se présenter. Qui suis-je ?

Cet être-là, singulier, avec ces caractéristiques physiques…?
Grand, élégante, maigre, yeux noir ou vairon, cheveux roux ou blancs ou colorés, courts, bouclés, nez busqué ou d’oiseau, un peu rond, peau diaphane, sourcils broussailleux, élancée, grain de beauté derrière l’oreille… Est-ce mon identité ?

Cet être-là, singulier, avec ces traits de caractère…?
Joyeux, bordélique, réservé, séductrice, drôle, autoritaire, brillant, audacieux, naïf, vive, tête en l’air, doux, courageux, soupe au lait, intello… Est-ce mon identité ?

Je suis la somme de mes mémoires, de mes souvenirs, de mes expériences. Suis-je cela ?

Puis-je dire ce que je suis, qui je suis, une fois pour toutes ?

L’identité, concept où des éléments se figent, des éléments se meuvent, idée qui se cherche et s’invente. Et si se définir était de trop ?

Et vous, qui dites-vous que vous êtes ?

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Jarek Puczel – « Lovers »,  2011

Je suis

Je suis moi ou non moi, le tout… et son contraire
Je suis… l’étonnante fusion du père et de la mère

Je suis… le pas se déroulant au coeur de la conscience
Je suis blanc, rouge ou gris. Qui suis-je quand j’y pense ?

Je suis l’humain aux autres, aspirant d’équilibre,
cet humain enchaîné qui se rêverait libre

Je suis… au vide apprivoisé, intense en ma présence
Je suis… au vide qui s’en vient, élève de l’absence

Je suis vivant… bien au-delà des vagues où je me tiens,
Je suis l’illimité, qui parfois, se souvient

Je suis de peu de choses et je me crois beaucoup
Je suis l’or magnifié au sortir de sa boue

Je suis… aux portes jamais closes, porteur de l’infini
Je suis l’amour vibrant aux couleurs de la Vie.

Vanessa Chaigneau – 5 mars 2017

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Le Caravage, « Narcisse », 1598-1599