« L’intranquillité », Marie Muller-Colard

Poésie et profondeur au coeur de l’intranquillité, condition même de notre existence.
À savourer comme un chocolat chaud après avoir pris l’orage.

 

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« Au berceau, déjà, l’inconfort, l’inquiétude, l’angoisse… L’intranquillité dans tous ses états. La vie, puissante, majestueuse, tranchante. La vie sans concession et sans demi-mesure. Aucun de nous n’aura fait l’expérience de naître à moitié. Aucun de nous ne fera l’expérience de mourir à moitié. De bout en bout, la vie, entière et exclusive. On apprendra à mettre de l’eau dans son vin, mais la vie, elle, restera tout ou rien. On en prendra plein la vue, plein les poumons, plein le coeur. Car quelque chose nous saisit qui s’appelle exister – sortir de soi, être expulsé, séparé. On nous regarde, on nous dit « tu », et il nous faudra une vie pour répondre « je ». Une vie pour admettre qu’on avance à découvert, qu’il n’y a pas d’autre peau que la sienne entre soi et le monde. »
Marion Muller-Colard, « L’intranquillité »

S’aimer enfin !

Il y avait longtemps que je n’avais pas publié un article et c’est la lecture du dernier ouvrage du Dr Christophe Fauré*, « S’aimer enfin ! » qui m’a inspirée, me ramenant aux réflexions que je partage souvent avec mes patients.

Un très bel ouvrage que je recommande !

saimerenfin-mini Un métier passionnant, des livres et un cabinet qui marchent bien, une vie de couple équilibrée… Tout va bien, pourquoi chercher autre chose, pourquoi se plaindre ? Ces pensées « rabat-joie », si on leur laisse le pouvoir, peuvent empêcher tout nouveau frémissement, tout appel au renouvellement de soi, à la nouveauté.
La vie de Christophe Fauré coche toutes les cases, mais il s’épuise, absent à lui-même…  Un appel puissant pour autre chose, un sourd besoin de « re-spir-er », de « retrouver cet autre » sentier vers soi-même, pour se recentrer, pour reprendre vie. »

J’imagine que vous aussi, vous vivez des moments où vous voudriez tout plaquer, retrouver vos rêves d’enfant, votre petit grain de folie, votre air…
Ça manque de « Je », ça manque de « Soi ».
Vous sentez bien que quelque chose ne colle pas, ne s’adapte plus. Vous n’entendez plus le mal-être qui hurle en vous, l’épuisement, l’essence de ce que vous êtes a disparu, noyée dans les obligations que vous vous imposez, et vos contours singuliers se sont dissous dans la gestion de la vie.
Il faut éduquer les enfants, gérer le quotidien, répondre aux exigences nombreuses et oppressantes de la vie sociale et professionnelle et bien sûr, continuer à avoir du désir pour sa moitié… Et vous, dans tout ça ? Où êtes-vous ?

Remettre du « Je »… retrouver de l’espace pour prendre soin de vous.
Il ne s’agit pas de ne plus prendre en compte les autres, votre environnement personnel, ceux que vous aimez, mais de vous refaire une place dans cette balance existentielle, souvent en tension. Vous avez droit à autant d’attention que celle que vous accordez aux autres. Faites une pause, offrez-vous une parenthèse, faites-vous le cadeau de vous entendre enfin !

Remettre du « Soi »… redonner du sens à ce que vous faites, à vos choix, cultiver l’émerveillement, vous sentir vibrer à nouveau, nourrir votre âme d’enfant, votre créativité, votre besoin de joie et de légèreté, vous reposer, nourrir votre besoin de beauté et de spiritualité… A quand remonte la dernière fois où vous vous êtes accordé de l’importance ?  Faites-vous le cadeau de vous aimer enfin !


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« Chacun d’entre nous aspire à donner du sens à sa vie. Pour retrouver l’essentiel. Pour être heureux, tout simplement. Un jour, Christophe Fauré a tout quitté pour se trouver. Il était psychiatre, il est devenu moine bouddhiste… avant de redevenir psychiatre, avec un autre regard, une autre vision sur sa vie et sur ce qu’il souhaitait en faire. Fort de cette expérience qui l’a fait renaître au monde et à lui-même, il nous livre les enseignements de son cheminement, en partageant de grandes questions existentielles : comment être en harmonie avec nous-même ? Installer le spirituel au coeur de notre quotidien ? Dans ce récit initiatique, Christophe Fauré évoque en filigrane sa dépression d’enfant, ses tourments face à la maladie et à la mort, ainsi que les voies qui l’ont guidé vers l’apaisement. Il nous invite à un puissant voyage intérieur et à une authentique rencontre avec nous-mêmes, afin de nous accepter tels que nous sommes et vivre pleinement notre existence. »

Extraits :  « Qui n’a pas eu un jour envie de changer de vie ? Qui n’a jamais ressenti ce mal-être du dimanche soir, avec cette impression de vivre à côté de sa vie ? Le désir d’une existence qui  aurait plus de sens, plus de profondeur, plus de vérité ? Qui n’a jamais éprouvé ce manque indéfinissable au coeur du quotidien ? Un « quelque chose » qui ferait toute la différence entre une vie menée en pilotage automatique et une existence dont on pourrait être légitimement fier et heureux car elle reflète les aspects les plus beaux de notre être ? »

« (…) il y a en nous une Lumière qui s’ignore, une paix qui nous attend. Elle nous tire à sa rencontre. Une dimension essentielle de nous-mêmes qui se languit d’elle-même et crève de ne pas exister au grand jour. C’est juste là, dans le creux de notre main, aussi proche de nous que les traits de notre visage. La spiritualité ne serait-elle pas une clef à cette question fondamentale que chacun d’entre nous se pose ? »

« Toute situation, la plus heureuse comme la plus malheureuse, recèle un enseignement. Quelque chose qui nous est donné à comprendre pour nous aider à avancer. Tout l’enjeu pour nous est de le voir. »

« S’engager, faire le cadeau de qui on est. Passer le reste de sa vie à baigner d’amour celle des autres. »


*Christophe Fauré est psychiatre et psychothérapeute, spécialisé dans l’accompagnement des ruptures de vie : deuil, maladie grave et fin de vie, séparation…
Les informations, les ouvrages ☞ Christophe Fauré
Vous trouverez facilement des conférences en ligne, si vous le souhaitez.

L’autisme, une intelligence atypique

Passionnant !

Invités de « Grand bien vous fasse » et auteurs de l’ouvrage « Éloge des intelligences atypiques : pas comme les autres, plus que les autres »,  David Gourion, psychiatre, et Séverine Leduc, psychologue, spécialisée dans la prise en charge des troubles du spectre autistique, tordent le cou à un certain nombre d’idées reçues sur l’autisme.

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« Les termes péjoratifs sur le trouble du spectre autistique pullulent…

Ali Rebeihi vous propose de découvrir l’intelligence atypique des autistes, particulièrement dans ses formes les moins sévères…

Saviez-vous par exemple que le célèbre naturaliste anglais Charles Darwin, souffrait sans doute d’une forme d’autisme, qui lui permit ces découvertes sur l’évolution de l’espèce humaine et qui changèrent le monde ?

Bien évidemment l’autisme est un handicap, mais nous verrons que leur manière de penser, de voir, de ressentir, le monde est hors-norme…

Dans le même temps, leur hyper-sensorialité, leur hypersensibilité, leur attention au micro-détail, le fait d’être des caméléons sociaux est une source de fatigue et de stress intense…

Il semblerait que ce soit le prix à payer pour leur intelligence atypique…

Comment vivre cette force et cette fragilité ? Comment les aider à exprimer au mieux leur talent pour qu’ils ne souffrent plus à l’école, en famille, au travail, avec leurs amis, dans leurs couples ? Y a-t-il une forte proportion d’autiste chez les surdoués, chez ceux qui sont dotés d’un haut potentiel intellectuel ? »


« Éloge des intelligences atypiques »,  paru aux éditions Odile Jacob.

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Et pour aller plus loin, sur le même thème et avec les mêmes auteurs, vous pouvez écouter également l’émission « La Tête au carré ».

« De nombreuses personnes autistes souffrent à l’école, en entreprise, dans leur famille, de l’incompréhension de leur fonctionnement.

Les personnes autistes ont en effet une façon de penser et d’envisager le monde qui les entoure différente. Dans « Éloge des intelligences atypiques », David Gourion et Séverine Leduc décryptent les spécificités du cerveau autistique, en analysant ses forces et ses fragilités.

Dans notre monde social, avoir un trouble de la relation aux autres est un handicap, mais en quelque sorte c’est injuste.

Comment les aider à s’épanouir, à développer leur intelligence sociale pour qu’elles puissent exprimer toutes leurs potentialités, être reconnues, et ainsi améliorer leur estime de soi ?

À partir d’exemples et de conseils issus de leur pratique, David Gourion et Séverine Leduc nous conduisent à la découverte des intelligences multiples et atypiques. »

Narcissique ?

NarcissiqueAvec son nouvel ouvrage, « Sauvez votre peau ! Devenez narcissique »Fabrice Midal tord le cou à une idée reçue et ose dire : « Soyez narcissique, ça fait du bien ! »

Lors de mes séances en gestalt-thérapie, je m’entends souvent dire aux personnes que j’accompagne qu’être égoïste n’est pas nécessairement un vilain défaut, une tare dont il faudrait se défaire pour gagner enfin sa place au paradis… La bienséance et notre culture judéo-chrétienne nous susurrent doucement à l’oreille qu’il est de bon ton de se sacrifier pour les autres, et qu’importe qu’on y laisse toutes ses plumes !

Être égoïste, c’est aussi et souvent une étape nécessaire pour retrouver l’équilibre et faire grandir l’estime de soi, c’est décider de se faire une place, décider de se donner à soi-même de l’importance, l’importance juste, celle que l’on donne de préférence et de façon plus naturelle aux autres.

Être narcissique, selon Fabrice Midal, c’est respecter la personne que je suis, sa singularité. Si je prends conscience de la manière dont je me traite, dont je me maltraite souvent, je ne pourrai plus accepter d’être maltraité par les autres, je vais y voir clair sur les situations qui me malmènent et savoir dire non quand ça ne me convient pas. Ce changement de perspective amène à vivre des relations plus saines, et donc plus apaisées. Je peux être ouvert aux autres sans les instrumentaliser et sans me contorsionner pour être quelqu’un que je ne suis pas, puisque je m’autorise à exprimer simplement ce que je suis.

Il ne s’agit pas de devenir le centre du monde et de regarder son beau nombril avec vanité et complaisance… Non, juste faire preuve de patience, se reconnaître, respecter ses besoins et limites, parfois se rencontrer pour la première fois, dans sa vérité pleine et entière. J’encourage mes patients à développer ce regard de compréhension bienveillante vis-à-vis d’eux-mêmes, car cet égoïsme-là est un égoïsme sain.

Si je me respecte et prends en compte mes limites, je vais devenir de plus en plus conscient de mes agissements et de ce qui les motive, je vais devenir de plus en plus responsable aussi de ce que j’offre au monde et aux autres.

En apprenant à m’écouter, j’apprends à écouter vraiment l’autre. Une écoute moins intéressée, pourrait-on dire :  pas à partir de mes manques et de mon besoin de reconnaissance ou de mes blessures et de mon besoin de réparation, ou encore du vide que je ressens et que j’aimerais que tu combles !

Si je te donne, à toi, pour éprouver le sentiment de ma propre existence, je t’investis d’une mission bien périlleuse : celle de définir mes contours et de me faire exister. Ce faisant, je t’investis du pouvoir de me donner vie… Cette lourde charge va générer tôt ou tard des violences au sein de la relation et mettre l’autre en situation de toute-puissance, engageant ainsi sa responsabilité de façon inadaptée.

Les Danaïdes
« Les Danaïdes », John William Waterhouse – 1903

Cette recherche de soi tournée vers l’extérieur ne trouve jamais de repos : la reconnaissance que l’on reçoit, issue de cette dynamique trouble – pour peu qu’elle arrive – tombera dans le vide, le vide que l’on a de soi-même.

Si je ne m’aime pas, si je passe mon temps à me dénigrer, à me juger, à me condamner, comment pourrais-je savoir ce qui est bon pour moi, où et quand s’arrêtent mes frontières ? Où et quand j’ai le droit de dire non ? Ce dénigrement permanent de soi fait le nid des maltraitances et manipulations.

La référence aux Danaïdes, figure de la mythologie grecque, condamnées à remplir sans fin un tonneau troué, prend ici tout son sens… Pour me sentir vivant, légitime et aimable, il me faudra acquérir toujours plus : de biens matériels, de compliments, de preuves d’amour, il me faudra me placer toujours plus haut sur l’échelle sociale, obtenir plus de pouvoir, de connaissance… une quête sans fin qui ne sera jamais rassasiée, tant que je ne me serai pas rencontré avec bienveillance, et c’est là tout le message de Fabrice Midal.

A écouter, sur France Inter : « Grand bien vous fasse »,  Et si le narcissisme avait aussi de bons côtés ?

Osez : engagez-vous et soyez audacieux !

Goethe engagement - Murray« Tant qu’on ne s’est pas fermement engagé, il y a l’hésitation, la possibilité de recul ; toujours l’inefficacité.

Dans toutes les démarches d’initiative (et de création) gît une vérité élémentaire, dont la méconnaissance tue dans l’œuf d’innombrables idées et de superbes projets : au moment où l’on s’engage pour de  bon, la providence se met en marche de son côté.

Il se produit toutes sortes de choses favorables qui, sans cela, ne seraient pas arrivées. Une kyrielle d’événements découlent de cette décision, qui suscitent en votre faveur toutes sortes d’incidents, rencontres et aides matérielles intempestifs dont nul n’aurait rêvé bénéficier.

J’ai appris à apprécier avec un profond respect un des vers de Goethe* :

« Quoi que vous puissiez faire ou que vous rêviez de faire, faites-le.
L’audace a du génie, de la puissance et de la magie. »

*Ces vers font partie de l’oeuvre « Faust ».


W.H Murray — « The Scottish Himalayan Expedition » – 1951

murrayscottishhimalexpedchdj« …Until one is committed, there is hesitancy, the chance to draw back, always ineffectiveness.

Concerning all acts of initiative (and creation), there is one elementary truth the ignorance of which kills countless ideas and splendid plans : that the moment one definitely commits oneself, then providence moves too.

A whole stream of events issues from the decision, raising in one’s favor all manner of unforeseen incidents, meetings and material assistance, which no man could have dreamt would have come his way.

I learned a deep respect for one Goethe’s couplets :

Whatever you can do or dream you can, begin it.
Boldness has genius, power and magic in it ! »

Vouloir et action – Irvin Yalom

« Savoir et ne pas agir équivaut à ne pas savoir du tout. »

« En soi, la conscience de la responsabilité ne va pas de pair avec le changement; elle constitue simplement la première étape du processus de changement. (…) un patient qui prend conscience de sa responsabilité pénètre dans le vestibule du changement. (…)

Pour changer, le sujet doit d’abord assumer cette responsabilité et s’engager à une forme d’action. Le mot lui-même exprime cette capacité : la responsabilité en soi se définit comme l’aptitude à répondre.

La psychothérapie vise le changement, changement thérapeutique qui doit s’exprimer par des actions, non pas du savoir, de l’intention ou du rêve. »

« Thérapie existentielle », de Irvin Yalom, ouvrage paru en 2008 chez Galaade Éditions.

L’estime de soi

Extrait de l’ouvrage de Marcelle Thibaudeau, « La première entrevue en psychothérapie » :

La 1re entrevue

« Le degré d’estime de soi est un quelque sorte le corolaire de la qualité du lien établi entre l’enfant et ses parents.

C’est en fait à partir de la qualité de ce lien que chacun se construit une image mentale de ce qu’il est et une autre image de ce qu’il devrait être, ou encore de ce qu’il croit qu’il devrait être. Cette dernière image, on la nomme image idéale du moi.

Le degré de concordance entre l’image de soi et l’image idéale mesure le degré de l’estime de soi. Moins l’écart est grand entre ces deux images, plus l’estime de soi est élevée, et inversement, quand l’écart est grand entre les deux, l’estime de soi est basse.

L’image de soi s’appuie-t-elle sur des réalisations qui rassurent sur la capacité de satisfaire ses besoins fondamentaux et de faire face aux problèmes courants de la vie, elle a des chances d’être objective et relativement stable. Et si, parallèlement, l’image idéale repose sur une raisonnable appréciation de ses aptitudes, de ses talents, légitimant la poursuite de buts conformes a ses intérêts et à ses goûts, on peut alors parler d’équilibre entre l’image de soi et l’image idéale. Et il en résulte un haut degré d’estime de soi.

Mais si l’image de soi est basée en grande partie sur l’opinion d’autres personnes ou sur celle qu’on leur attribue, alors elle peut être sensiblement déformée et même fantasmatique. Par conséquent, l’image idéale de soi est alors le reflet des attentes de ces personnes au sujet de soi ou de celles qu’on leur suppose. Et dans la mesure où la sécurité affective dépend de ces personnes, les conduites sont plus ou moins faussées. On n’agit alors pas toujours selon ses tendances et dans ses propres intérêts. On peut même en arriver à renoncer à ses aspirations ou à poursuivre des buts n’ayant rien à voir avec elles et qu’au fond on ne désire pas vraiment atteindre. Les déboires qui parfois s’ensuivent le prouvent bien.

Lorsque le désir de plaire ou de ne pas déplaire, non seulement aux personnes significatives de sa vie, mais aussi à leurs substituts, supplante le désir de se plaire à soi d’abord, on en acquiert une réputation de gentillesse mais on ne commande pas le respect et on s’expose à différentes formes d’exploitation dont, en dernière analyse, on est responsable, sans en être conscient.

En outre, on dépend pour le maintien de l’estime de soi de témoignages rassurants provenant de sources extérieures. La régularité et la suffisance de ces apports extérieurs n’étant jamais garanties, l’estime de soi est fragile et précaire. D’inévitables frustrations produisent de vagues sensations de fatigue, d’irritation, des symptômes psychosomatiques combinés avec des états dépressifs sporadiques. Si les apports rassurants viennent à manquer totalement, l’estime de soi chute au point zéro et entraîne une dépression souvent accompagnée de pensées suicidaires. »